De retour dans l'île que son père a quitté 50 ans plus tôt, la cinéaste remonte le cours du temps pour retracer l'histoire de son nom. Au fil de ce voyage initiatique sur les terres d'enfance de son père, son enquête nous transporte jusqu'à l'époque de l'esclavage. Aux archives, dans les jardins créoles ou les ruines des usines à sucre, se croisent les chemins d'une mémoire vivante, se dessine la vision d'un pays où les récits, les corps, les musiques, parlent avec force d'une histoire qui résonne encore.Au détoure la Guadeloupe d'aujourd'hui, le film tend un miroir à la France dite métropolitaine : il part à la recherche de l'envers du pays. C’est le long d’un chemin doux et morcelé que Sylvaine Dampierre nous mène sûrement dans son Pays à l’envers. La Guadeloupe mentale, et terriblement réelle, incarnée par ceux qui la portent, qui l’habitent, et qu’elle tourmente. Voici enfin des nouvelles de cette île rarement filmée, rarement racontée, de ce département français d’outre-mer, de cette colonie française d’aujourd’hui. Qu’est-ce que la Guadeloupe ? se demande, nous demande secrètement Sylvaine, le pays de mon père que je raconte à mon fils ? Le pays des vacances ? Des souvenirs merveilleux ? Des étés de mer et de nature ? Le pays qu’il fallait fuir ? Le pays des grands parents? Le pays de l’esclavage ? Le pays des jardins créoles ? Le pays envenimé de son passé ? Est-ce un pays ou une hantise ? Qui s’immisce dans le corps dans les mots, dans le cœur ? C’est la sourde insistance de ces questions non-dites qui guide la beauté des plans et des séquences du film,. Le film est un tissage de souvenirs, super 8 du présent et du passé de Sylvaine, d’images d’aujourd’hui mais vibrantes de passé. Chacun pour vivre retrouve les traces de l’oppression qu’elles soient enfouies dans les gestes, que la danseuse fait ressurgir ou dans une usine désaffectée, ou dans les récits, ou dans la nature, partout apparaissent les symptômes de l’esclavage oublié, nié que le film réveille. Comme ces jardins créoles,(petite liberté d’autrefois accordée aux esclaves pour qu’ils se nourrissent), devenus aujourd’hui un art, une compétition très aristocratique des oubliés du monde qui transforment avec génie et amour, un petit bout de nature en grande culture. Nous découvrons des êtres qui sortent du silence et qui à leur manière écrivent l’Histoire telle cette grande jardinière et ceux qui la couronnent. Mais surtout et avant tout « le Pays à l’envers » nous révèle un homme extraordinaire, un historien autodidacte qui passe ses journées aux archives de l’île pour y faire la généalogie de chaque Guadeloupéen, remontant jusqu’à l’esclave ancêtre , afin de lui redonner son nom et son histoire. Et c’est toute l’Histoire cachée de la Guadeloupe, celle de l’esclavage qui surgit. Cette histoire a été tue, et l’on comprend bien pourquoi , mais ce qu’on perçoit tout au long du film c’est son effet venimeux encore aujourd’hui dans l’esprit de chacun. Alors le généalogiste fait œuvre . « Nous, on ne s’aime pas » dit-il. La phrase tombe et fait l’effet d’une vérité osée enfin dite. Cette tristesse, ce malheur qui plane et qui revient de loin , on ne peut juste l’effacer d’un revers de main, il faut dire comment l’histoire prend corps dans les mots , les gestes et les vies de chacun. « Nous on ne s’aime pas » personne ne l’avait jamais dit avant ! Et chaque plan chaque moment du film recèle cette même nouveauté. On y retrouve le poids l’épaisseur, la beauté du Sud américain, du blues inconsolable, mais cette fois-ci nous sommes là, dans « le pays à l’envers » au milieu de cet océan si beau si bleu dont Chamoiseau dit qu’il est un cimetière africain.
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